Cinq flottilles (métiers) françaises ont des activités d’exploitation des grands pélagiques dans l'océan Indien : les senneurs opérant pour l’essentiel à partir des Seychelles et de l’Ile Maurice, les palangriers basés à La Réunion, les palangriers basés à Mayotte, et les flottilles artisanales réunionnaise et mahoraise.
- La flottille thonière française à la senne exerçant dans l’océan Indien en 2019 comporte 12 senneurs (11 senneurs d’une capacité de charge (CC) comprise entre 800 et 1200 t et 1 senneur de CC supérieure à 1200 t) et 3 bateaux d’assistance représentant une capacité de charge (capacité totale pondérée par le nombre de mois d’activité des différentes unités) de 10724 tonnes. Les captures débarquées se sont élevées à 70 622 tonnes représentant une diminution de 14 107 t (-16,6%) comparée aux captures de 2018 (84 729 tonnes).
La proportion des espèces majeures YFT, SKJ et BET dans les captures totales sont respectivement de 38,5%, 55,7% et 5,5%.
L’effort de pêche s’est élevé à 2501 jours de pêche au cours desquels 2561 opérations de pêche ont été réalisées (2186 coups positifs et 375 coups nuls) dont 1918 (74.9%) sur FOB (essentiellement FAD) et 643 (25.1%) sur bancs libres. Le nombre de FAD déployés en 2019 par la flottille de 12 senneurs et les 3 bateaux d’assistance s’élève à 3363, soit une moyenne de 280 FAD par bateau.
Le taux de couverture des activités et débarquements de la flottille (journaux de bord) est de 100%. Le programme observateur mis en place depuis 2005 dans le cadre du programme européen de collecte des données (EU Data Collection Multi Annual Program, EU-DCMAP) a été arrêté en 2009 suite à la piraterie dans la région entraînant une absence de place pour accueillir des observateurs remplacés par des militaires. Ce programme a repris en 2011 et a été complété à partir de 2014 par le programme OCUP (Observateur Commun Unique et Permanent) mis en place par l’organisation professionnelle « Orthongel ». Les deux programmes Observateurs DCF (IRD) et OCUP (Orthongel) ont permis d’observer 1247 jours de mer (634 et 613 respectivement) soit un taux de couverture de l’observation des activités de la pêcherie française à la senne par les observateurs embarqués d’environ 49%. Parmi les 2561 opérations de pêche, 576 (22,5%) et 556 (21,7%) ont été respectivement observées par les programmes DCF et OCUP, soit un total de 44,3%. En complément de ce programme Observateur scientifique embarqué, certains senneurs sont équipés d’un dispositif de suivi électronique permettant de suivre les activités de pêche (notamment les déploiements de FAD et les caractéristiques associés) et de quantifier les prises accessoires, des rejets et des bonnes pratiques, ce programme Optimisation de l’Observation Electronique est supporté par l’industrie (organisation professionnelle Orthongel).
- La flottille palangrière basée à La Réunion se compose en 2019 de 41 navires actifs, 19 dits unités semi-industriels dont 10 de longueur hors tout (LOA) comprise entre 15 m et 24 m et 9 d’une longueur comprise entre 12 m et 15 m, ainsi que 22 côtiers de moins de 12 mètres. Les débarquements totaux de cette flottille s’élèvent à 1797 tonnes (377 t pour les côtiers et 1420 t pour les semi-industriels) en 2019, pour un effort total estimé de 4,568 millions d’hameçons. L’espadon (Xiphias gladius) est l’espèce cible représentant 46% des débarquements. La part des thons (Thunnus albacares, le thon jaune ; Thunnus obesus, le thon obèse ; et Thunnus alalunga, le germon) dans ces débarquements s’élève 43,6%.
Le programme « observateur » des activités de cette flottille a démarré en 2007, avec un taux de couverture global d’environ 4% en 2009 et 2010 et de l’ordre de 10 % pour ces mêmes années pour le segment des unités de plus de 20 m suivi par les observateurs embarqués. A partir de 2011, un programme d’auto échantillonnage a été mis en place principalement sur les 2 segments des unités de tailles comprises entre 10 m et 15 m d’une part et 15 m et 24 m d’autre part. Conformément à la résolution 11/04 un programme observateur embarqué permet de suivre principalement les activités de la flottille dans les ZEEs des pays côtiers (Madagascar et Maurice), un programme auto-échantillonnage suivant les activités de palangriers de plus petite taille ou sur lesquels la place à bord rend difficile l’embarquement d’un observateur dans les eaux réunionnaises. En 2019, les programmes i) observateur embarqué et ii) auto-échantillonnage ont permis de couvrir 11,8% de l’effort total de pêche estimé en hameçons déployés.
- Avec 125 bateaux actifs en 2018, la petite pêche côtière réunionnaise est composée de deux types d’embarcations : les barques faiblement motorisées (inférieur à 6 m : 64 unités actives en 2019) et les vedettes, plus puissantes (6 – 12 m : 61 unités actives en 2019).
La production de grands pélagiques de cette flottille est estimée à 468 tonnes en 2019. Le thon jaune, la dorade coryphène et le wahoo totalisent 352 tonnes soit 75% des grands pélagiques capturés par cette flottille.
La flottille palangrière mahoraise est composée en 2019 de 3 navires actifs et cible l’espadon (Xyphias gladius) mais capture également une proportion significative de thons jaune et obèse (Thunnus albacares et Thunnus obesus). Le volume total des captures en 2019 s’élève à 86 t dont 35,1 t d’espadon, 34,4 t de thon jaune et 11,8 t de thon obèse, ces 3 espèces représentant 94,6% des débarquements. La technique utilisée est la palangre horizontale dérivante. Les navires effectuent des marées de deux à trois jours, pendant lesquels ils effectuent deux à trois filages d’une palangre équipée d’environ 600 hameçons. Cette flottille est suivie par l’analyse des notes de vente des coopératives de pêche ainsi que des fiches de pêche fournies par les armateurs. Les données d’activité de ces navires sont intégrées dans l’outil SACROIS du SIH IFREMER. Cette flottille fait également l’objet d’un projet de programme observateur initié en 2015 suivant les protocoles de l’IRD mis en place pour le programme observateur de la flottille palangrière pélagique réunionnaise et les données sont archivées dans la base de données Observe administrée par l’IRD. En 2019, l’effort de pêche déployé en nombre d’hameçons s’élève à 151200 et 4506 (10 opérations de pêche) ont été observés.
La petite pêche côtière mahoraise représente 143 navires qui sont inscrits sur le FPC, dont 115 actifs en 2019. Parmi ces navires, 111 barques professionnelles exercent en majorité la pêche à la traîne ou la palangrotte à grands pélagiques à proximité ou non des DCP ancrés, exclusivement ou en alternance avec d’autres types de pêche ciblant les poissons de récifs. Les principales espèces de poissons pélagiques ciblés sont la bonite à ventre rayé (Katsuwonus pelamis) et le thon albacore (Thunnus albacares). En 2019, la partie de la flottille homologuée en pêche professionnelle représentant les 115 navires actifs inscrits dont 111 pratiquant principalement la traine ou la palangrotte ciblant les grands pélagiques. Ces unités de pêche ont généré 175 t de captures dont 76,4 t de thon jaune et 54,1 t de listao, ces deux espèces représentant 74,6% des débarquements.
Le dispositif de recherche sur les grands pélagiques actuel de la France (IRD & Ifremer principalement) couvre des activités de type « monitoring » des activités de pêche, des débarquements et de la biométrie des espèces cibles et des rejets, l’étude des comportements migratoires des grands pélagiques, des études sur les dispositifs de concentration de poissons, la collecte de données observateurs à partir d’un suivi électronique, des études génétiques pour la délimitation des stocks, la mise au point de mesures d’atténuations des prises accessoires et de la déprédation, la mortalité après rejet des pêcheries européennes à la senne et palangrière du requin pointe blanche océanique, ainsi que le développement d’une innovation pour faciliter une libération rapide de la mégafaune marine capturé à la palangre et améliorer la survie des individus. La plupart des projets sont financés sur appels d’offre internationaux, européens ou nationaux. On trouvera dans ce rapport la liste des différents projets qui se sont poursuivis ou ont débuté en 2018. On trouvera de plus des projets impliquant directement la CTOI même si ces projets sont en cours de lancement.
La France a participé activement à tous les groupes de travail organisés par la CTOI, et a présenté 30 contributions scientifiques en 2019 en incluant les rapports nationaux (proposés pour l’élaboration du rapport Européen et le rapport France Autres Territoires à l’intention du Comité Scientifique de la Commission. Noter que S. Bonhommeau (IFREMER) est Président du groupe de travail sur les Ecosystèmes et les Prises Accessoires (GTEPA) assistée par M. Tolotti (IRD) en qualité de vice-Présidente et J. Barde (IRD) est vice-Président du groupe de travail sur la Collecte des Données et les Statistiques (GTCDS).